Toi ou ma Foi

Chapitre XX

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Près d’un mois passa depuis cette fameuse nuit. Et ce mois s’était révélé calme et sans embûche pour nos deux petits couples. Ce jour-là, le prêtre devait se rendre à l’église toute la journée et il ne pourrait pas rentrer entre midi. Il prévînt le jeune homme qu’il s’absenterait pour toute la journée et celui-ci afficha une mine boudeuse.

- Tu vas voir qui ?

- Personne, je dois juste rester à l’église une journée entière.

- Pourquoi ?

- Parce que c’est mon travail. D’habitude je n’assure qu’une partie de la journée, soit le matin, soit l’après-midi. Mais aujourd’hui c’est spécial.

- En quoi c’est spécial ?

Soa soupira, Jamie pouvait être gamin des fois, c’était affolant tant il lui taper sur les nerfs avec toutes ses questions. Le jeune prêtre planta ses coudes sur le plan de travail et plongea ses yeux dans ceux de son invité.

- On est quel jour ?

- Je sais pas.

- …

- Heu… Le 21 ? 22 ?

- 24...

- Et il y a quoi le 24 décembre ?

Les yeux de Jamie s’agrandirent à n’en plus finir.

- Quoi ?! S’écria-t-il. Tu vas me laisser le jour de Noël ?

- Non.

- Bah si !

- C’est la veille de Noël, répliqua Soa dans un demi-sourire.

Jamie baissa la tête. Dieu que ce mec était con… Il releva son joli minois en jetant à son interlocuteur un regard plus qu’aguicheur.

- Et tu veux quoi comme cadeau ? Demanda-t-il en passant lentement sa langue sur sa lèvre supérieure.

Soa contourna la cuisine et vînt se placer en face de son amant. Il se colla à lui, lui prit une jambe qu’il agrippa d’une main tandis que l’autre s’enroulait autour de sa taille. Jamie entoura de ses bras le cou de son hôte et approcha lentement sa bouche de celle de Soa.

- Alors ?

Toujours en souriant, Soa se mit à caresser le jean en cuir que portait le plus jeune, provoquant des frissons d’excitation à ce dernier.

- Je veux, susurra-t-il.

- Tu veux …? Souffla Jamie, la respiration saccadée par cette verge qui ne cessait de grossir dans son jean.

-… Ce jean.

- …

- Bah quoi ? Demanda faussement le blond.

- Tu veux mon jean ?

- Oui, je suis sûr qu’il m’irait bien.

Jamie se détacha de son amant en soupirant. Il avait soudainement envie de meurtre mais se retînt avant d’abîmer la belle gueule de son hôte. Il empoigna le long manteau de Soa et le lui tendit.

- Va au travail, soupira-t-il.

Soa s’empêcha de piquer un fou rire et attrapa son manteau. Avant de sortir de la maisonnée, il frôla son amant.

- Le jean n’est qu’un emballage, je prendrai l’intérieur…

-…

Jamie se mit à rougir bêtement. D’habitude, Soa était naïf, novice, et cette fois, c’était Jamie qui s’était fait avoir. Son amant n’était peut-être pas si prude que ce qu’il croyait.

- Je rentre vers 23h00, cria-t-il déjà à moitié dehors.

Cela faisait deux mois et demi que Jamie vivait ici et il en était véritablement heureux. Soa était toujours aux petits soins pour lui et il avait fait la connaissance d’Enya et Nona. Les deux femmes de maison avaient été adorables avec lui et Nona avait bien pris le fait que son fils aime les garçons. A vrai dire, elle s’en doutait sûrement un peu…

Une fois, alors qu’ils étaient tous attablés en train de dîner, Nona avait regardé son fils droit dans les yeux, sans une once de méchanceté et lui avait demandé :

- Chéri, dis-moi, tu as le droit d’avoir quelqu’un dans ta vie alors que tu as fait vœu de chasteté ?

- Non.

- Et qu’en dit Jilian…

- Jilian est un sale con.

- Enya…

- Quoi c’est vrai ! Il nous a sorti de notre ville natale en disant que cet endroit serait mieux pour nous et que Soa trouverait sa vraie force et sera le bras droit de Dieu.

- Il m’a trouvé moi, je suis sa force, avait joyeusement répliqué Jamie, non sans une once d’ironie.

Et Enya avait enchaîné.

- Un messie homosexuel hé ben ! Jilian se serait déjà suicidé s’il était au courant.

Tous avaient ri à la réplique de la petite blonde. Mais tous faisaient semblant de rire. Sans le faire exprès, la petite avait ranimé un souvenir douloureux : celui du suicide d ‘un membre de leur famille…

À repenser à ce souvenir, Jamie se rendit compte qu’il ne savait pas grand-chose de son hôte. Il ne connaissait presque rien de la mort de son père. À bien y songer, Soa ne parlait pas beaucoup de lui, même pas du tout. Il détestait se dévoiler aux autres d’après ce qu’il avait compris. Mais Jamie était déterminé et il comptait bien faire tomber toutes les barrières de son amant les unes après les autres.

La journée passa et Jamie chercha en vain un cadeau qui lui ferait plaisir. Il n’avait pas beaucoup d’argent en poche mais voulait quelque chose d’original. Durant les heures qui suivirent, le jeune homme se creusa les méninges pour trouver un cadeau potable et qui puisse lui faire plaisir.

Le soir arriva rapidement et Soa se sentait exténué. Il avait aidé Jilian toute la journée à porter les cartons où se trouvaient des centaines de statues de la Vierge. Il avait le dos en compote.

Jilian n’avait fait aucune allusion à la torture qu’il lui avait fait subir deux mois auparavant. Il pensait sûrement que le jeune prêtre était guéri de ces abominations stupides et que plus jamais il ne songerait à avoir des envies envers un membre du même sexe…

S’il avait su… S’il avait su que depuis plus de deux mois, son collègue se trouvait en collocation avec un homme, plus jeune que lui de surcroît, le pauvre quadragénaire en aurait fait une attaque cardiaque.

- Jilian, on a bientôt fini ?

- Moi oui, toi pas encore. J’y vais, tu n’as qua vider les cinq autres cartons et après tu pourras rentrer.

Sur ces mots, Jilian quitta l’église, laissant un Soa complètement sonné. Ça ressemblait plus à un ordre qu’à une demande. Il continua néanmoins son dur labeur. Il continua sans vraiment de se soucier de l’heure et lorsqu’il vît que sa montre affichait 23.30, il songea tout de suite à Jamie. Il allait le tuer d’être aussi en retard. Et dire qu’il lui restait encore trois cartons. Il soupira et se remit machinalement au travail. Une dizaine de minutes plus tard, il entendit la porte de l'église grincer mais ne s'en formalisa pas. Il pensait que cela devait être Jilian qui avait oublié quelque chose. Il continua de travailler sans relâche, se motivant en songeant à Jamie, qui devait l'attendre dans le salon. Après encore une demi-heure de travail acharné, il prit place sur un petit tabouret de bois, le corps en sueur, le souffle court. Il avait un mal de chien pas possible et sa poitrine le compressait, il avait l'impression d'avoir couru le cent mètres en un temps records. Il tenta de calmer les battements de son cœur qui ne semblaient pas vouloir diminuer. Il se releva lentement de son petit tabouret et enfila une chemise propre, la sienne était pleine de poussière et de petites échardes qui lui picotaient tout le corps.

Rapidement il sortit de la petite pièce où il avait entreposé les statues des vierges et passa devant l'orgue, toujours fièrement dressée, trônant au milieu de plusieurs bougies... BOUGIES ? Soa se retourna vivement et eût la plus grande surprise de sa vie. Jamie se trouvait là, allongé sur un tapis moelleux, entouré de bougies parfumées. Le faible éclairage des flammes éclairait le visage du plus jeune. Il était vêtu d'une longue chemise blanche dans laquelle il semblait flotter. Complètement hypnotisé par cette vision, Soa s'approcha les yeux grands ouverts, il ne voulait rien louper de ce magnifique spectacle qui s'offrait à lui.

- Jamie ? murmura-t-il ?

Le plus jeune aux cheveux d'ébène posa un doigt sur sa bouche et lui tendit la main. Soa prit cette liberté qu'on lui offrait et s'allongea aux côtés de son petit ange. Il se sentait bien dans cette ambiance apaisante. Il ne se rendait même plus compte qu'il était dans une église, bien que les statues de saints les surveillaient en permanence.

-Qu-est-ce que tu fais là ? Je croyais que...

- Chut...

- Mais, que...

Le plus jeune approcha sa fine main et commença à caresser le visage limpide de son aîné, tout en le fixant dans les yeux. Doucement, il glissa ses doigts en redessinant le contour de ses lèvres, s'attardant sur leurs commissures.

- Fais-moi l'amour...

Ce chuchotement avait été faible, sensuel et surprenant. Soa était tétanisé sur le tapis. Il ne savait pas comment réagir à la requête de son cadet. Là ? Ici ? Devant tous ces saints ? Dans ce lieu sacré ?

- Jamie, pas ici...

- Oh que si, répliqua le cadet avec une lueur de désir, brillant au coin de ses yeux noirs.

Soa resta un instant immobile, écoutant la respiration régulière de celui qu'il allait faire sien... Lentement, le prêtre approcha ses fines lèvres tremblantes vers le visage de Jamie et les posa délicatement sur sa jeune bouche. Les lèvres de ce dernier s'étirèrent en un sourire coquin.

- Joyeux Noël...

Ca me fait chier d'écrire pour des prunes, merci de vous manifester ^_^ ( comment ça je suis exigeante ?)... Si c'est la technique du '"Je te lis, si tu me lis" , merci de prévenir. Ciao.