Toi ou ma Foi

Chapitre IX

Lorsque Soa rentra chez lui, le coeur léger, il fut accueilli par un adolescent qui se jeta sur lui. Ils tombèrent tout les deux au sol, Jamie pendu à son cou, étalé de tout son long sur le jeune prêtre. La tignasse noire de Jamie vint lui chatouiller les narines et il ne pu s'empêcher d'éternuer.

- Jamie ! Qu'est-ce tu fou !

- Un religieux ne parle pas comme ça !

- De ... Quoi ? Mais je ne...

- Oui, bon un croyant c'est pareil ! râla Jamie en se relevant.

Soa faillit s'évanouir, un instant il avait cru que Jamie avait découvert son secret... Il secoua vigoureusement sa tête.

- Pourquoi tu m'as sauté dessus ?

- Te fais pas d'idée mon chou... répliqua malicieusement Jamie.

- arrête Jamie ou j'te met dehors, le menaça le prêtre.

- Ok ok... Y a rien à manger... murmura l'adolescent en baissant la tête.

Soa ouvrit grand les yeux... Mon dieu... Il avait oublié de faire les courses ! Ce qui veut dire que.... Jamie n'avait pas mangé depuis ce matin ??? Il regarda l'horloge accroché au mur du salon. Celle-ci affichait 17.30. Il se passa une main lasse sur le visage... Quel imbécile ! Oubliant toute sa pudeur, il enfila son manteau et prit Jamie par la main. Un contact qui lui fit monter le rouge aux joues tellement la douceur des mains de Jamie était irréelle.

- Où on va ? demanda l'adolescent, inquiet.

- Au restaurant.

- Qu... Quoi ? balbutia Jamie. Non mais, on peut aller au supermarché et acheter des steacks ou je...

- On va au restaurant, répéta Soa en continuant de tirer la main de son invité.

- Mais il est même pas l'heure de manger ! protesta Jamie.

- Je sais... Mais le temps qu'on y aille, il sera l'heure...

- Heu Soa ? T'es un psychopathe c'est ça ? s'inquiéta l'adolescent.

- Non, on va juste manger à Rome, on en a pour deux heures de voiture environ.

Jamie s'arrêta en plein milieu du chemin et regarda Soa avec méfiance. Pourquoi ce soudain intérêt ? L'adolescent s'approcha du prêtre, sous les yeux incrédules de celui ci. Il s'approcha jusqu'à coller son corps au sien et se mit sur la pointe des pieds. Soa était pétrifié, il n'osait pas bougé. Il sentit un souffle chaud sur ses lèvres et la bouche de Jamie effleura la sienne. L'adolescent passa ses bras autour du cou du prêtre et planta ses yeux dans les siens.

- T'as pas besoin de faire tout ça pour me mettre dans ton lit, ajouta malicieusement l'adolescent.

C'est à ce moment là que Soa réagît, il prit lentement les bras de Jamie noués dans son cou et les enleva doucereusement. Alors qu'il faisait preuve d'un calme olympien, à l'intérieur de lui même, son sang bouillonnait. Comment Jamie pouvait croire un seul instant qu'il avait envie de coucher avec lui ? Rien que cette pensée lui donna la nausée. Il n'était pas ce genre de personne. Il pencha son visage au dessus de Jamie et déposa un baiser sur son front au grand étonnement du plus jeune qui hoqueta de surprise.

- On va chez ma mère chercher la voiture... Et on ira manger ensuite. Et demain j'achèterai un canapé, pour que tu sois sûr que je ne pense pas à ce que tu crois.

Il lui tourna le dos et commença à marcher en direction de son ancienne demeure. Jamie resta interdit sur le chemin poussiéreux. Il avait les larmes aux yeux.

Mais je veux que tu penses à ça !

****

Pour Enya, le reste de sa journée fut un vrai cauchemar... Elle pensait enfin avoir trouvé un ami en qui elle pourrait avoir confiance dans ce lycée rempli d'hypocrite. Mais elle s'était trompé et Abigail le lui avait montré aujourd'hui. Plus jamais elle ne pourrait avoir confiance en lui...

Après sa dispute avec Chréa, et une fois qu'elle fut remise de ses émotions, Enya quitta l'arrière du bâtiment et se dirigea vers son cours d'histoire. L'heure se passa dans un silence presque gênant. Alors qu'habituellement elle était sujette à nombreuses moqueries, personne ne l'avait encore embêtée. Elle trouva cela légèrement suspect mais ne s'en fit pas pour autant. Lorsque al cloche retentit dans les couloirs déserts, Enya rangea ses affaires dans son nouveau petit sac en faux poils blancs. Elle était adorable toute vêtu de cette même couleur.

L'innocence, la virginité

Elle sortit de sa salle de classe et se dirigea vers la cours du lycée. Mais à peine eut-elle poussé la porte qu'elle sentit de l'eau glacée lui transpercer la peau. Elle resta immobile, grelottant de froid. Elle entendit des rires, des railleries, de nombreuses moqueries. Et le fou rire strident de Chréa. Elle s'approcha d'Enya dans une allure féline, pleine de grâce. Hautaine.

- Je t'avais dit que tu le regretterais....

La jeune blonde n'en revenait pas. Comment pouvait-on humilier quelqu'un de la sorte ? Et devant autant de gens ? Mais qu'avait-elle donc fait pour mériter autant d'ignominies ?! Rien... Enfin elle ne pensait pas avoir mal agit. Même envers Chréa, c'était elle qui venait la provoquer ! Et on ne pouvait pas considérer qu'Enya lui avait volé son petit-ami étant donné que lui même lui avait avoué avoir cassé avec elle... Alors pourquoi ? Des larmes coulèrent le long de ses petites joues blanches. Des larmes cristallines dont tout le monde ce moqua. A travers sa vue qui se brouilla, elle reconnu la tignasse noire d'Abigail. Il la regardait avec des yeux tristes. Mais pourquoi n'intervenait-il pas ?

- Le bébé pleure ? ricana Chréa.

- Tu l'as bien mérité ! Sorcière ! cria l'un des clones de la rousse.

- Nous t'avions prévenue ! enchaîna une fille au visage noire.

Enya cacha son visage de ses petites mains fines et tremblotantes. Son manteau blanc était maculé de petites taches noires et les poils blancs de son sac se compactaient à cause de l'eau. Elle couru vers le portail du lycée, souhaitant au plus vite rentrer chez elle et oublier cette journée abominable. Dans un souvenir lointain, elle entendit la voix d'Abigail l'appeler. Mais elle couru, aussi vite que ses jambes le lui permettait. Il n'était pas digne qu'elle s'intéresse à lui. Elle valait mieux que ça. malgré ce que les autres puissent en dire. Elle ne se laisserait pas faire. Et Abigail ne ferait pas parti de ses projets...

Elle rentra chez elle et jeta rageusement son sac sur la table basse du salon. Sa mère était encore au travail. Ces derniers temps, elle travaillait beaucoup, afin d'oublier sa peine. Enya jeta un oeil vers le portrait de son père. Ses larmes recoulèrent de plus belle. Elle entendait de nouveaux les railleries de ses camarades dans sa tête. Elle plaqua ses mains sur ses oreilles afin de faire taire ses voix.

- JE VOUS HAIS TOUS !!! hurla-t-elle.

Elle entendit vaguement du bruit et se retourna, découvrant son frère, hébété de la voir dans un état pareil, Jamie accroché à son manteau, se cachant derrière la carrure, pas imposante, du prêtre.