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Toi ou ma Foi

Chapitre IV

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L'après midi de Soa se passa lentement et bizarrement, l'église fut très calme. Dehors il pleuvait, le prêtre pouvait le percevoir grâce aux fines gouttes de pluies qui s'écrasaient sur les vitraux crasseux.

 

Et si je les nettoyais réellement, pensa Soa.

 

L'église était très belle, mais elle manquait affreusement de couleurs, on aurait dit que ce lieux sacré était en train de mourir à petit feu. Personne ne s'occupait réellement d'elle. Soa eu un pincement au coeur en ayant cette pensée. Lui aussi s'était sentit abandonné lorsque son père s'était donné la mort.

 

Dans un élan de courage, il alla remplir un seau d'eau, chercher deux trois chiffons et dénicha une échelle, pas très rassurante, mais qui fera l'affaire. Il commença alors sa tâche, nettoyant les plus gros vitraux qui ornaient les murs. A la fin de l'après midi, l'église n'était, certes, pas encore éclatante de joie de vivre mais on pouvait y déceler une brindille d'espoir, des petits rayons lumineux qui filtraient et allaient éclairer un petit banc de bois, un cierge...

 

Les vitraux étaient de teintes très foncés et lorsqu'on les nettoyait, qu'on décrassait tout ce qui s'y était accolé durant des années, la couleur devenait plus claire, sans pour autant que l'église ne perde de son intimité. En effet, Soa ne pensait pas qu'une église lumineuse aurait plu au villageois, il se contentait donc de faire entrer un minimum de lumière pour qu'elle ait l'air présentable.

 

Ayant fini sa dure labeur, il se dirigea à l'arrière de l'orgue et revêtit son habit. Soa alla ouvrir les portes de son église et se dirigea à l'intérieur de son parloir. Il s'était toujours juré que personne ne connaîtrait son identité. Pour lui être un bon chrétien c'est en premier lieu avoir confiance en son prochain, et si les paroissien qui venaient dans son église, lui étaient de vrai croyants, alors ils se confieraient à un homme qu'ils ne connaissent pas, mais qui sera leur prêtre.

 

Il entendit la porte d'entrée grinçait. Des pas incertains se diriger vers le parloir. Une personne y entra et s'installa sans bruit. Soa attendit que la personne parle mais rien ne se fit entendre. Au bout de quelques minutes, une voix se fit entendre.

 

- J'ai pêché mon père, dit alors une voix masculine, jeune, sensuellle.

 

Soa soupira, il avait faillit s'imaginer en train de mourir par les mains d'un fanatique. Il se ressaisit sur son banc, essuya ses gouttes de sueurs qui perlaient sur son front et toussa pour se donner une contenance.

 

- Je t'écoute mon fils.

- Je suis partit. Loin de chez moi. Loin de LUI.

 

Un nouveau silence s'abattit sur l'église. Le prêtre se sentait dans une situation bizarre, généralement, les paroissiens parlaient parfois pendant une heure sans jamais s'arrêter. Ce jeune homme semblait différent. Il devait peut être lui poser des questions.

 

- Et pourquoi es-tu partit ?

- Je ne veux plus souffrir.

- Mais encore... ? Soa savait qu'il s'aventurait sur une pente dangereuse. Il ne devait pas pousser une personne à se confier.

- Vous savez ce que ça fait de souffrir ? demanda le garçon avec douceur. Ca fait atrocement mal, comme si des petites lames vous transpercent le corps et que vous ne pouvez pas les arrêter. Vous essayez de vous relever, et lorsque c'est fait, vous vous rendez compte qu'une nouvelle souffrance va arriver, bien plus douloureuse que la précédente, bien plus profonde, telle une cicatrice qui ne s'efface jamais.

 

Soa eut le souffle soupé par la tirade du jeune garçon. Alors il y avait au moins une personne dans ce foutu bled qui était capable d'avoir une discussion normal, de se confesser pour autre chose que des broutilles ? Soa en fut ravi sur el coup, mais repensa bien vite aux paroles du jeune garçon. Soa aussi avait souffert, atrocement...

 

- Mon père ? Vous êtes toujours là ?

- Oui, pardonne-moi, s'excusa confusément le prêtre.

- Je en sais pas si vous pouvez comprendre. Vous êtes prêtre est peut être que la souffrance n'a pas fait parti de votre vie. mais si un jour vous la rencontrez fuyez-la !

- Fuir est lâche mon enfant...

- Peut-être, répondit vaguement le jeune homme. Mais si elle vous approche, elle vous collera à la peau comme une sangsue se délecte du sang.

 

La comparaison fit froid dans le dos de Soa. Il entendit de nouveau la porte grincer et puis plus rien. Il était partit. Le prêtre avait voulu voir le visage de cette personne étranger. Mes ses propres principes l'en empêchaient. Il avait lui même refusait qu'on voit son visage, il ne l'imposerait donc pas à ses paroissiens. Mais Dieu seul sait combien ce garçon était étrange... étrange et ... intéressant.

 

Du côté de la plus jeune, la tension était palpable. Enya était depuis plus d'une demi-heure, emmitouflé dans son gros manteau de laine noir, attendant qu'Abigail prenne la parole. la cloche avait déjà sonné et lorsqu'elle avait voulu rejoindre sa salle de cours, Abigail l'en avait empêché.

 

Excédée la jeune fille s'était assis sur une pierre froide, attendant vaguement un mot de la part de l'énergumène qui l'avait emmené ici. Au bout d'un moment, ne sentant plus ses fesses, elle se leva, les muscles tout endoloris. Enervé qu'Abigail ne cesse de fixer le sol, elle se positionna devant lui et posa ses deux mains sur ses épaules.

 

Abigail leva le visage et ses yeux rencontrèrent ceux d'Enya, il avait envie de rire en voyant ses sourcils froncés et sa bouche qui se tordait. Elle avait envie de le frapper, il le savait. Il venait de la pousser à bout. Apparemment, le point faible de la jeune fille était le silence. Elle ne supportait pas le silence entre deux personnes. Quitte à lui prendre le chou, Enya parlerait, elle s'énerverait même. Il sentit les mains d'Enya le secouer comme une prunier.

 

- ESPECE DE CRETIN ! JE PEUX SAVOIR CE QUE J AI FAIT POUR ETRE COINCE AVEC UNE DEBILE MENTAL COMME TOI !!!!!!!

 

Il avait raison, elle avait hurlé. Malgré son joli minois, Abigail ne pouvait pas oublier...

 

- Personne ne veut être ton ami. Personne ne peut être ton ami.

- Mais pourquoi ? demanda la jeune fille, perdant petit à petit de son mordant.

- Car c'est comme ça, déclara Abigail en haussant les épaules. Fais attention à toi, les filles sont des pestes ici. Elle ne veulent pas des filles comme toi.

- Comme moi ? explosa la jeune fille. Mais je suis comme tout le monde !

- Non justement...  Vous êtes arrivés au mauvais endroit et au mauvais moment.

- Qui ça vous ?

- Toi, toi et ta famille, déclara Abigail en s'éloignant de la jeune fille.

 

Après le départ du jeune homme, Enya se laissa tomber le long du mur. Et pour la première fois depuis la mort de son père, elle laissa ses larmes couler à flot. Elle ne comprenait pas. Elle ne voulait pas comprendre. Qui était-il pour la voir comme un monstre ? Qui était-il pour lui dire qu'elle n'était pas comme les autres ? Elle avait perdu son père. Elle avait souffert ! Alors pourquoi personne n'éprouvait de la compassion pour elle et sa famille ? Pourquoi devait-il être rejeté de la sorte ?

 

La mort dans l'âme, la jeune fille retourna en cours. Elle se fit réprimander pour son retard. Ce soir, elle devrait rester une heure de plus dans cette école ignoble. Et tout ça à cause de ce garçon de malheur...

Par Pepitooo - Publié dans : Toi ou ma Foi
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